Des plages sacrées d’Hawaï aux rivages battus par les vents d’Europe ou d’Australie, les sports de glisse ont une histoire riche et passionnante. Nés du besoin de jouer avec les éléments autant que de les défier, ils mêlent traditions, innovations et sensations fortes. Surf, bodyboard, windsurf, kitesurf, skimboard… et bien d’autres encore : chacun a sa propre origine, ses révolutions techniques et son style de pratique unique. Plongeons ensemble dans l’histoire de ces disciplines emblématiques.
Histoire du surf : des racines polynésiennes à la culture moderne
Les marins britanniques sont les premiers à décrire les surfeurs hawaïens aux XVIIIème siècle, mais les îliens pratiquaient probablement depuis au moins le XIVème siècle. A cette époque, les planches de surf mesurent entre 3 et 5 m de long, n’ont pas d’aileron et se rident allongé, à genoux ou debout pour les plus doués. Le surf est alors plus une culture et un art qu’un sport.
Avec la colonisation du Pacifique et l’arrivée durable des Occidentaux, le tourisme se développe et dès la fin du XIXème siècle, nombreux sont les vacanciers américains à vouloir essayer ce sport. Parallèlement, des Hawaïens se rendent en Californie, où ils font découvrir le surf, une pratique rapidement adoptée pour son esprit de liberté et sa profonde connexion à l’océan.
La démocratisation du plastique et des matériaux composites marque une évolution majeure dans le monde du surf : les planches de surf (qui pouvaient peser jusqu’à 50 kg) deviennent plus légères et plus accessibles. Tom Blake ajoute des ailerons à sa planche en 1935 et révolutionne la pratique. Enfin, le développement des planches plus courtes, les shortboards, dans les années 70, achève de transformer le sport.
Aujourd’hui, les planches de surf peuvent être très différentes : du shortboard à deux, trois, voire quatre ailerons, au longboard en single fin, en passant par les planches évolutives et les mini-malibus, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux !
Origine du bodyboard : comment Tom Morey a révolutionné la glisse
En 1971, Tom Morey, un ingénieur spécialisé dans les matières plastiques va changer la face des sports de glisse. Alors qu’il quitte la Californie pour Hawaï et se lance dans l’industrie du surf, il a l’idée de produire des planches plus courtes qu’une planche de surf classique, sans aileron, et surtout dans une matière plus souple. Plus sécurisant et plus facile d’accès que le surf, la planche de bodyboard moderne est née. Passionné de musique, Tom Morey baptise son invention le Morey Boogie.
Aujourd’hui, le bodyboard a beaucoup évolué et on trouve toute sorte de planches, adaptées à tous les niveaux et à différentes façons de se tenir sur la planche (allongé, à genoux et parfois même debout). Les matériaux et la conception technique des planches de bodyboard permettent d’aborder des spots de plus en plus radicaux tels que The Box en Australie ou Teahupoo à Tahiti.
Naissance du windsurf : l’évolution de la planche à voile
Les ancêtres du windsurf, la planche à voile en bon français, sont en fait des dériveurs minimalistes, très plats et équipés du gréement le plus simple possible. Plusieurs personnes se disputent la paternité de la véritable planche à voile mais une chose est sûre : en 1968, un surfeur et un ingénieur en aéronautique américains développent deux inventions capitales, le diabolo et le wishbone. Le diabolo permet d’orienter le mat de la planche de windsurf dans tous les sens, et le wishbone est l’arceau double qui permet de tenir le gréement. Grâce à ces deux éléments, il devient possible de manœuvrer la planche dans tous les sens et de naviguer plus confortablement.
Le sport se développe alors dans plusieurs directions différentes : la régate, comme pour les bateaux, et le freestyle. Les planches de windsurf taillées pour la vitesse sont longues et étroites, quand celles qui permettent d’effectuer des sauts et autres manœuvres dans des vagues formées sont plus courtes et souvent plus légères, de manière à être plus maniables. L’ajout de straps et d’un harnais a également rendu possibles la navigation dans des conditions de vents et de vagues très fortes ainsi que les sauts à des hauteurs parfois vertigineuses ! De manière générale, un débutant préférera une planche de windsurf large et courte, très volumineuse, qui permet de remonter la voile en étant debout sur la planche. Quant aux voiles, un pratiquant en vitesse cherchera de la surface, alors qu’un freestyler se tournera plutôt vers des voiles plus courtes et plus souples, pour ne pas gêner le pratiquant dans les phases de surf.
Histoire du kitesurf : des premiers cerfs-volants à la glisse aérienne
Dès les années 70, de nombreux inventeurs commencent à réfléchir à la combinaison entre surf et cerf-volant. Plusieurs essais de traction avec un cerf-volant, le plus souvent sur une funboard (une planche à voile équipée de straps) ont lieu, mais on peut dire que le kitesurf n’apparaît réellement que lorsque les frères Legaignoux, deux Français, développent un cerf-volant spécialement conçu pour cet usage. Le premier design date de 1984 et c’est en 1997 que l’aile courbe, gonflable et avec son harnais et sa barre de traction sort de leurs ateliers.
Ce nouveau design, qui favorise grandement les redémarrages dans l’eau – un point crucial – lance réellement le kitesurf dans la catégorie des sports extrêmes. La première compétition a lieu en 1998 et en 1999, les grands fabricants de planche à voile, comme Robby Naish et Neil Pryde entrent sur le marché.
Les années 2000 marquent l’avènement du kitesurf. Le prix du matériel baisse, les compétitions dans différents styles (vitesse, distance, freestyle…) se multiplient, et les modèles de planches de kitesurf varient. Certains planches sont très proches d’un wakeboard d’autres sont plus conçues sur le modèle directionnel des planches de surf, d’autres encore n’ont même plus de straps et ressemblent plus à des skimboards ou des wakesurfs. La dernière tendance émergente est celle des foils, qui permettent de planer au-dessus de l’eau.
Histoire du skimboard : de la plage au shorebreak, entre skate et surf
Le skimboard (de l’anglais skim : écumer, frôler) est le petit cousin étrange du surf. Il est difficile de dater et de situer son apparition, mais il est vraisemblable qu’il soit arrivé d’Hawaï ou de Californie dans les années 30. A l’origine, il s’agit de profiter du principe de l’hydroplanage pour glisser sur une fine pellicule d’eau. Les premières planches de skimboard sont en bois, sans aileron et sont beaucoup plus fines et courtes) que les planches de surf.
Elles ont beaucoup d’inertie et glissent vite et loin, ce qui permet de réaliser des figures inspirées du skateboard, comme les shove-its, ollies, bigspins etc. La pratique a même encore évolué pendant les années 2000 et ressemble de plus en plus au skateboard, avec l’utilisation de modules, rails, kickers proches de ce qu’on trouve dans un skatepark.
L’arrivée des matériaux composites (comme en surf) va permettre au skimboard d’évoluer vers une pratique plus orientée vers les vagues. Il s’agit alors de courir en direction des vagues qui cassent au bord (le shorebreak) et de profiter de la vitesse acquise pour atteindre la vague et y effectuer des figures qui se rapprochent là beaucoup plus du surf moderne : rollers, airs et même tubes quand la vague s’y prête.
Origine du wakeboard : l’alliance entre bateau, snowboard et freestyle
Le wakeboard naît dans les années 80, à la croisée du ski nautique et du snowboard. C’est en Californie que des passionnés commencent à rider derrière des bateaux à moteur sur des planches plus larges et plus courtes, dotées de fixations pour maintenir les pieds. L’idée : surfer une vague artificielle générée par le sillage du bateau. Très vite, la discipline prend son envol grâce à des figures inspirées du snowboard, du skate ou même du BMX. Le wakeboard évolue avec l’apparition de câbles nautiques (wake parks), permettant la pratique sans bateau. Aujourd’hui, il existe une grande variété de planches, adaptées au style du rider (freeride, park, big air…). Le wakeboard séduit par son accessibilité et son côté spectaculaire, avec des tricks impressionnants réalisés sur modules, kickers ou rails.
Une passion qui traverse les générations
Des rites ancestraux au sport spectacle, les sports de glisse continuent d’évoluer avec leur époque, sans jamais trahir leur essence : une connexion intime avec les éléments, un plaisir de glisser pur et universel. À chaque génération ses innovations, ses terrains de jeu, ses figures mythiques. Mais qu’il s’agisse de rider une vague, de fendre le vent ou de voler au-dessus de l’eau, l’esprit reste le même : liberté, adrénaline et émotion.